Israël – Iran : une guerre locale dans un monde sans règle
- thibo périat
- 22 juin
- 3 min de lecture
Depuis le 13 juin 2025, le Moyen-Orient est de nouveau en feu. Mais ce brasier entre Israël et l’Iran ne se résume pas à une querelle régionale. Il dit quelque chose de plus profond, de plus inquiétant : dans un monde fracturé, instable, multipolaire, la guerre devient une langue commune. Elle n’est plus une exception. Elle est un outil. Une manière d’exister, d’imposer, de tester.
Alors que les missiles s’abattent sur Tel Aviv et que les chasseurs israéliens survolent Ispahan, une question traverse les chancelleries : s’agit-il d’un simple cycle de représailles, ou du symptôme d’un monde où plus rien n’est vraiment interdit ?
Une guerre directe et assumée
Le 13 juin, Israël a frappé l’Iran avec une intensité rare. Plus de 200 appareils, une centaine de cibles, des frappes chirurgicales sur des bases militaires, des centres de recherche nucléaire, et des quartiers généraux des Gardiens de la Révolution. Objectif : freiner net les avancées nucléaires de Téhéran et décapiter l’appareil militaire iranien. Pour Israël, il s’agissait d’une attaque préventive, quasi existentielle.
L’Iran, de son côté, n’a pas tardé. En moins de 24 heures, une riposte massive : des centaines de missiles et drones se sont abattus sur le centre d’Israël. Les systèmes Dôme de Fer et Arrow ont intercepté la majorité des engins, mais certains ont frappé des quartiers civils. La riposte était calibrée : frapper fort, mais ne pas provoquer l’irréparable.
Une escalade contenue, mais explosive
Ce qui frappe, dans cette guerre, c’est sa maîtrise apparente. Tout semble sous contrôle : les cibles sont militaires, les dommages mesurés, les discours millimétrés. On évite soigneusement de franchir le seuil du point de non-retour. Mais cette retenue tactique ne masque pas le fond du problème : on assiste bien à un affrontement direct entre deux puissances régionales, qui jusqu’ici opéraient par milices ou cyberattaques interposées.
Et cette confrontation intervient dans un contexte mondial chargé d’électricité.
Un monde de fronts
Israël–Iran, ce n’est pas un théâtre isolé. C’est un front de plus dans un monde en ébullition. À l’est, la guerre en Ukraine a fracturé l’Europe. À l’ouest, les tensions Chine–États-Unis sur Taïwan restent vives. Au sud, le Sahel se décompose sous les coups des juntes et des groupes armés. Partout, les lignes bougent.
Et partout, les mêmes symptômes :
• Des puissances régionales qui testent leurs marges de manœuvre.
• Des coalitions classiques (OTAN, ONU, UE) de plus en plus contournées.
• Des règles internationales affaiblies.
C’est un monde fragmenté, où la guerre devient un outil de communication, de dissuasion, de stratégie intérieure. Et c’est peut-être là la vraie nouveauté du XXIe siècle : la guerre est redevenue possible.
Un affrontement entre blocs… ou une jungle globale ?
Certains analystes y verront la confirmation d’un conflit structurel entre l’Occident et un “bloc révisionniste” : Russie, Chine, Iran, Corée du Nord. Des États différents, mais liés par une même volonté de remettre en cause l’ordre international né après 1945. De ce point de vue, le conflit Israël–Iran n’est qu’un maillon de plus dans la chaîne des tensions systémiques.
Mais d’autres lectures existent. Plus cyniques, plus désabusées. Ce que montre cette guerre, c’est peut-être moins l’affrontement de deux camps qu’un monde revenu à sa logique de puissance brute. Un monde sans arbitre, sans règles vraiment respectées, où chacun agit selon ses moyens, ses calculs, ses nerfs.
• La Russie fait la guerre en Ukraine.
• La Chine avance ses pions dans le Pacifique.
• L’Iran défie Israël.
• Israël frappe préventivement.
• Les États-Unis soutiennent sans s’engager trop.
• Les institutions internationales observent, impuissantes.
Le droit n’a pas disparu, mais il ne protège plus. Il balise à peine. Il est contourné, interprété, suspendu.
Vers une normalisation du conflit permanent ?
Depuis Gaza jusqu’à Kiev, depuis Sanaa jusqu’à Ispahan, une même impression : le feu n’est plus l’accident, il devient l’environnement. Les frontières sont devenues des lignes de tension. Les armées ne se replient plus, elles s’installent. Et même quand les bombes se taisent, les algorithmes, les sanctions, les drones, les propagandes prennent le relais.
Cette guerre entre Israël et l’Iran, en juin 2025, n’est peut-être ni la première, ni la plus meurtrière. Mais elle est emblématique. Elle révèle un monde sans régulateur, sans boussole claire. Un monde où la diplomatie ne précède plus le conflit, mais tente seulement d’en freiner la chute.
Israël et l’Iran ne sont pas simplement deux ennemis. Ils sont les miroirs d’un monde déséquilibré, où l’arrogance des puissances l’emporte sur la retenue, et où l’affrontement devient un mode de gestion des crises.
Ce n’est pas encore une guerre mondiale. Mais c’est un monde en guerre, par éclats, par calcul, par usure.
Et tant que l’on parlera de “frappes préventives”, “ripostes mesurées” et “lignes rouges symboliques”, il ne faudra pas s’étonner que la guerre, elle, continue à avancer — front après front, pays après pays, décennie après décennie.




Commentaires