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Syrie : les bombes américaines, le nouveau pouvoir et le passé qui ne passe pas

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • il y a 5 jours
  • 2 min de lecture

Les bombes tombent encore sur la Syrie. Cette fois, Washington parle de riposte, pas de guerre. Et à Damas, on ne crie plus à l’agression : on laisse faire.

Les frappes américaines visent des positions de l’État islamique, disséminées dans le désert syrien. Officiellement, il s’agit d’empêcher la reconstitution de cellules djihadistes et de protéger les soldats américains encore présents sur le terrain. Officieusement, c’est un rappel brutal : les États-Unis n’ont pas quitté la Syrie, et n’entendent pas le faire en silence.



Un changement de ton à Damas


Nouveauté majeure, le pouvoir syrien ne condamne plus frontalement.

Depuis l’arrivée à la tête de l’État d’Ahmed al-Charaa, le discours a changé. Les frappes américaines contre l’EI ne sont plus dénoncées comme une violation pure et simple de la souveraineté. Elles sont tolérées, parfois même présentées comme convergentes avec les priorités sécuritaires du moment.

C’est un virage politique assumé. Le nouveau pouvoir a besoin de stabilisation, de reconnaissance, et de temps. L’EI est un ennemi commun, utile pour ouvrir des canaux avec l’Occident, même si personne ne l’admet publiquement.



Le passif qui dérange


Problème, le passé du nouveau président syrien.

Ahmed al-Charaa n’est pas un technocrate sorti de nulle part. Il est l’ancien chef de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), organisation issue de la nébuleuse jihadiste, longtemps affilié à al-Qaïda avant sa mue stratégique. Un passé lourd, documenté, impossible à effacer d’un trait de plume.

Depuis, l’homme a changé de costume. Discours plus policé, références à l’État, à l’ordre, à la lutte contre le terrorisme. Une transformation revendiquée, mais loin d’être unanimement crue, surtout dans les capitales occidentales.


C’est toute l’ambiguïté syrienne actuelle :

  • un pouvoir qui cherche la respectabilité,

  • un dirigeant au pedigree explosif,

  • et des partenaires étrangers qui ferment partiellement les yeux, faute d’alternative crédible.



Washington frappe, sans trancher


Côté américain, la ligne reste froide et pragmatique. Pas de reconnaissance politique claire. Pas de rupture non plus. Les frappes contre l’EI servent à la fois la sécurité américaine et une forme de stabilisation minimale du territoire syrien.

Mais rien n’est réglé. Ni le statut du nouveau pouvoir,ni la question de la souveraineté, ni celle de la légitimité internationale d’un président au passé jihadiste.



Une Syrie suspendue


La Syrie entre dans une zone grise. Moins de slogans, plus de calculs. Moins de guerre totale, plus de frappes ciblées.

Les bombes américaines tombent. Damas encaisse, parfois même acquiesce. Et au sommet de l’État, un ancien chef islamiste tente de convaincre qu’il est désormais un homme d’ordre.

Ça peut tenir. Ou exploser au prochain attentat.

Dans ce pays, l’histoire récente a appris à se méfier des “nouveaux départs”.



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