Le faux triomphe de Trump au Congo
- thibo périat
- 14 déc.
- 2 min de lecture
Donald Trump voulait une photo. Il a eu une signature.Il promettait la paix dans les Grands Lacs. Il a livré un mirage.
Fin 2025, à Washington, la République démocratique du Congo et le Rwanda paraphaient un « accord historique » sous l’œil satisfait de l’ancien président américain. Costumes sombres, sourires crispés, communiqué triomphal. Le genre de scène que Trump affectionne : rapide, spectaculaire, vendable.
Sur le terrain, pourtant, la guerre n’a jamais pris la peine de s’arrêter.
Une paix sans cessez-le-feu
À l’est de la RDC, les armes ont continué de parler. Le M23, groupe rebelle soutenu par Kigali selon l’ONU, a poursuivi ses offensives, conquis des villes, déplacé des populations. Quelques jours à peine après la signature, des dizaines de milliers de civils prenaient la route de l’exil.
Un traité de paix qui n’arrête pas les combats n’est pas un échec diplomatique.C’est un mensonge politique.
L’oublié central : le M23
Le vice fondamental de l’accord est là : le principal acteur militaire n’en est pas signataire. Le M23 n’était ni à Washington, ni autour de la table. Il négocie ailleurs, dans d’autres formats, à d’autres rythmes. Résultat, deux processus parallèles, aucun contrôle, zéro cohérence.
On ne fait pas la paix en Afrique centrale en parlant au-dessus des fusils.
Une mise en scène à l’américaine
L’accord a été conçu comme une victoire diplomatique express : pas de mécanisme contraignant, pas de calendrier crédible, pas de force de vérification indépendante robuste.
Le retrait des troupes rwandaises ? Flou.
Le désarmement des groupes armés ? Théorique.
Les sanctions en cas de violation ? Absentes.
Trump a traité la guerre congolaise comme un deal immobilier : signature d’abord, détails ensuite.
Le soupçon des minerais
Très vite, une autre lecture s’est imposée, cet accord parle moins de paix que de ressources. Coltan, cobalt, minerais critiques, le sous-sol congolais obsède les puissances. Le traité ouvre la voie à une « coopération régionale » avantageuse pour les investisseurs étrangers, notamment américains, sans garanties sérieuses pour les populations locales.
Aux Congolais, l’insécurité.Aux multinationales, la stabilité contractuelle.
Une paix sans confiance
Même la scène de la signature trahissait l’échec annoncé. Kagame et Tshisekedi, côte à côte, évitaient les regards. Deux dirigeants qui se soupçonnent mutuellement, deux récits incompatibles, deux agendas divergents. La diplomatie ne peut pas forcer la confiance à coups de flashs.
Le verdict du terrain
La paix se juge à un critère simple, les civils sont-ils en sécurité ?Dans l’est du Congo, la réponse est non.
Le traité de Trump n’a ni arrêté la guerre, ni protégé les populations, ni réglé les causes structurelles du conflit. Il a produit ce que l’ancien président maîtrise le mieux, une illusion médiatique.
Un papier signé à Washington.Une guerre bien réelle à Goma, Bukavu, Uvira.
isme




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