Zapad 2025 : la grande répétition qui inquiète l’Europe
- thibo périat
- 12 sept.
- 3 min de lecture
Tous les quatre ans, Moscou organise Zapad, son exercice stratégique phare. Mais en 2025, dans un climat déjà saturé par la guerre en Ukraine et les tensions avec l’OTAN, ces manœuvres prennent une résonance particulière.
Une démonstration de force
Officiellement « défensives », les opérations déployées en Russie et en Biélorussie ressemblent à s’y méprendre à une répétition générale d’offensive contre l’Ouest.
• Minsk a annoncé 13 000 soldats engagés.
• Les services de renseignement baltes évoquent en réalité 30 000 militaires mobilisés, dont environ 8 000 stationnés en Biélorussie (6 000 biélorusses et 2 000 russes).
• À titre de comparaison, Zapad 2021 avait aligné près de 200 000 hommes.
Missiles, aviation, guerre électronique et scénarios nucléaires tactiques viennent compléter le tableau.
L’ombre de l’ambiguïté
Comme toujours, l’opacité domine. Derrière les mouvements de troupes, les observateurs occidentaux craignent des préparatifs réels : redéploiements durables, pré-positionnements logistiques, masqués par la façade d’un exercice. Le souvenir de la Géorgie en 2008 ou de la Crimée en 2014 nourrit cette suspicion.
Des alliés hétéroclites
Si la Russie et la Biélorussie sont les moteurs de l’opération, Zapad 2025 révèle aussi le nouveau visage du camp pro-Moscou. Autour d’eux, on trouve :
• Inde, Bangladesh, Iran, Tadjikistan, venus donner une caution asiatique.
• Mali, Burkina Faso, Niger, Congo, preuve de l’ancrage russe en Afrique.
Une coalition bigarrée, où se mêlent partenaires historiques et nouveaux régimes proches du Kremlin.
Les observateurs aux premières loges
Autour des champs de manœuvre, une galerie d’observateurs : Chine, Corée du Nord, Pakistan, Serbie, Cuba, Nicaragua, Cambodge, Émirats arabes unis, Ouzbékistan, Mongolie, Thaïlande, Myanmar. Leur présence n’est pas anodine : elle marque les lignes de fracture du monde multipolaire et l’émergence d’un réseau élargi de pays prêts à regarder Moscou comme un pôle alternatif.
Retour sur les éditions précédentes
Zapad n’a pas toujours eu ce parfum mondial.
• 2009 & 2013 : exercices essentiellement bilatéraux entre Russie et Biélorussie.
• 2017 : premières inquiétudes massives à l’OTAN, avec jusqu’à 100 000 soldats selon les estimations et quelques observateurs étrangers.
• 2021 : près de 200 000 militaires engagés, avec des contingents du Kazakhstan, d’Arménie, d’Inde et de Mongolie. Des observateurs chinois et serbes apparaissent également.
• 2025 : changement d’échelle, avec l’entrée visible de l’Afrique et un élargissement asiatique.
En une quinzaine d’années, Zapad est passé d’un exercice strictement russo-biélorusse à une vitrine internationale des soutiens et sympathies de Moscou.
Le signal envoyé à l’OTAN
L’Alliance atlantique ne s’y trompe pas. À l’Est, la Pologne, les pays baltes et l’Ukraine voient dans Zapad une répétition de scénario d’invasion. À l’Ouest, Bruxelles et Washington y lisent un avertissement : la Russie n’a pas perdu sa capacité à mobiliser, malgré les sanctions et l’usure du front ukrainien.
La réplique occidentale : Steadfast Defender 2025
Face à Zapad, l’OTAN a aussi sorti sa carte maîtresse : Steadfast Defender 2025, la plus vaste manœuvre militaire de l’Alliance depuis la Guerre froide.
• 90 000 soldats issus des 32 pays membres.
• 1 100 véhicules blindés, plus de 50 navires de guerre, environ 80 aéronefs (avions de chasse, hélicoptères, drones).
• Un scénario de défense de la Pologne et des pays baltes face à un ennemi fictif , chacun comprend de qui il s’agit.
En parallèle, d’autres exercices complètent le dispositif :
• Defender Europe, centré sur le déploiement logistique depuis les États-Unis,
• Cold Response, pour tester la guerre en conditions arctiques.
En miroir de Zapad, Steadfast Defender envoie un double signal :
• dissuader Moscou, en affichant la puissance de projection occidentale,
• rassurer les alliés, en soulignant l’unité transatlantique malgré les tensions politiques.




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