Venezuela–États-Unis : tension sur fond de richesses stratégiques et d’alliances explosives
- thibo périat
- 11 nov.
- 3 min de lecture
Les Caraïbes sont redevenues un théâtre de haute tension. Washington et Caracas s’affrontent dans un bras de fer qui mêle accusations de narcotrafic, démonstrations militaires, richesses naturelles titanesques et jeu d’alliances internationales inattendu. En 2025, la confrontation s’accélère, et ses répercussions dépassent largement les frontières du Venezuela.
Un face-à-face électrique
Tout commence par une série d’accusations américaines, le gouvernement de Nicolás Maduro serait impliqué dans un vaste réseau de trafic de stupéfiants, le “Cartel de los Soles” . La Maison Blanche durcit alors le ton, récompense accrue pour toute information menant à l’arrestation de Maduro et déploiement de navires de guerre dans les Caraïbes, officiellement pour combattre le narcotrafic .
Caracas dénonce une provocation. Maduro parle ouvertement de « lutte armée » si les États-Unis venaient à attaquer le territoire vénézuélien . Les militaires sont mobilisés, les frontières renforcées, les milices déployées.
Des incidents éclatent, des frappes américaines visent des embarcations suspectées de trafic de drogue, un bateau de pêche vénézuélien est arraisonné selon Caracas, et le Sénat américain rejette une résolution visant à limiter l’action militaire contre le Venezuela .

Un pays assis sur un coffre-fort énergétique
Pourquoi ce pays attire-t-il tant de convoitises ?
Parce que sous ses sols se cache un trésor.
Le Venezuela détient les plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde, autour de 300 milliards de barils, concentrées dans la ceinture de l’Orénoque, un gisement de pétrole extra-lourd aussi riche que complexe à exploiter . S’y ajoutent des réserves majeures de gaz naturel, estimées à plusieurs trillions de mètres cubes au fil des évaluations officielles .
Côté minerais, le pays n’est pas en reste : fer, bauxite, or, diamants, coltan. Le Cerro Bolívar est considéré comme l’un des gisements de minerai de fer les plus riches de la planète . Et l’immense Arc minier de l’Orénoque concentre une partie de ce potentiel minéral, au risque de dérapages en matière environnementale et sociale .
Terres rares : le potentiel caché
Moins médiatisée, la présence possible de terres rares ajoute une couche stratégique.
Une étude estime qu’en Amazonie vénézuélienne, plusieurs centaines de milliers de tonnes de cérium, néodyme, lanthane ou thorium pourraient se trouver dans le sous-sol .
D’autres analyses identifient des occurrences de terres rares, niobium, thorium dans le bouclier guyanais , et des indices dans les phosphorites de Navay (REE+Y) .
Rien, pour l’heure, n’est exploité à l’échelle industrielle. Les zones sont difficiles d’accès, les concentrations variables et les infrastructures insuffisantes.
La partie d’échecs géopolitique : qui soutient Caracas ?
Face à l’isolement occidental, le Venezuela s’est entouré d’alliés capables de contrebalancer Washington.
Russie : partenaire stratégique
Moscou et Caracas affichent un partenariat stratégique renforcé. En mai 2025, Vladimir Poutine et Nicolás Maduro signent un accord élargi couvrant l’énergie, la coopération militaire et la diplomatie .
La Russie soutient le Venezuela en matière d’armement, de formation et de technologie, même si la guerre en Ukraine limite ses capacités d’investissement à l’étranger .
Chine : partenariat “tous temps”
Pékin, de son côté, qualifie depuis 2023 sa relation avec Caracas de “partenariat tous temps”, un signe de soutien politique durable .
La Chine investit, prête, coopère sur l’énergie et s’appuie sur le Venezuela pour consolider son influence en Amérique latine.
Cuba : l’allié historique
L’alliance Caracas–La Havane remonte à l’ère Chávez. Cuba fournit médecins, conseillers politiques, services de sécurité ; en échange, le Venezuela lui garantit du pétrole et une protection diplomatique. Cette relation reste l’un des piliers idéologiques et pratiques du régime vénézuélien .
Iran, Turquie : soutiens secondaires mais utiles
L’Iran coopère avec Caracas pour contourner les sanctions et échanger expertise technologique et soutien diplomatique.
La Turquie, selon plusieurs analyses, joue un rôle dans le commerce vénézuélien de l’or et les circuits économiques parallèles.
Pourquoi ces alliances changent tout
Ces alliances offrent à Maduro un bouclier diplomatique et économique crucial face aux sanctions occidentales et à la pression américaine.
Pour Moscou, Pékin ou La Havane, le Venezuela est une pièce importante sur l’échiquier global :
• une présence en Amérique latine, région traditionnellement sous influence américaine ;
• un accès privilégié à des ressources énergétiques et minières majeures ;
• une opportunité de contester l’hégémonie de Washington.
Un scénario instable
La situation est explosive.
Les États-Unis multiplient les frappes ciblées dans la région et renforcent leur présence militaire. Caracas grimpe le ton et s’appuie sur des alliés puissants. Les richesses naturelles attisent les convoitises. Les tensions politiques internes aggravent l’équation.
Le Venezuela est redevenu l’un des points chauds du globe. Et le jeu ne fait que commencer.
Présentation rapide
Le « Cartel des Soleils » (Cartel de los Soles) est une organisation présumée de trafic, corruption et contrebande au sein du Fuerza Armada Nacional Bolivariana (armée vénézuélienne) et de l’appareil politique du Nicolás Maduro. Wikipédia+1 Le nom fait référence à l’insigne en forme de soleil porté par des généraux vénézuéliens (soles = soleils) sur leurs épaulettes.




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