Pékin en parade : un pamphlet contre l’ère Trump

Lorsque la Chine déploie sa puissance militaire sur l’avenue Chang’an, ce n’est jamais uniquement pour célébrer son armée. Le dernier défilé a fait plus qu’exhiber des missiles intercontinentaux, des drones furtifs et des brigades impeccablement coordonnées , il a délivré un message politique clair et calibré, résonnant comme un pamphlet adressé à Donald Trump et l’occident.

La démonstration de puissance

Depuis son arrivée au pouvoir, Xi Jinping a fait du renforcement de l’Armée populaire de libération une vitrine de la « renaissance chinoise ». Le défilé militaire dépasse l’exhibition martiale, c’est une affirmation de souveraineté, une réponse implicite aux politiques de containment et aux guerres commerciales menées par Trump.

La diplomatie des estrades

Plus frappante que les colonnes de véhicules blindés, la composition des gradins. Y figuraient de nombreux chefs d’État, soigneusement invités pour donner à l’événement une portée multipolaire. Russie, Corée du Nord, pays africains, alliés asiatiques… tous, par leur présence, contribuent à isoler symboliquement Washington.

Notons également deux présences européennes singulières : le Premier ministre slovaque Robert Fico et le président serbe Aleksandar Vučić. Pour Pékin, c’est l’illustration d’une Europe fragmentée, capable de s’écarter de la ligne atlantiste dominante .

La déclaration de Fico : un message stratégique

Fico a justifié sa présence en affirmant :

« Je respecte chaque victime de la lutte contre le fascisme, ce pourquoi je me suis déjà recueilli devant des mémoriaux à Moscou, en Normandie ou à Washington. »

Il a exprimé son regret de voir que seule la Slovaquie représentait l’Union européenne à Pékin, arguant que « un nouvel ordre mondial se construit, de nouvelles règles dans un monde multipolaire, un nouvel équilibre des puissances », essentiel pour la stabilité internationale .

Cette déclaration donne à sa présence une dimension de dialogue (et non de capitulation). Il se présente comme un acteur pragmatique, prêt à participer aux discussions globales malgré les pressions occidentales.

La photo qui vaut manifeste

L’image la plus symbolique reste celle de Xi Jinping entouré de Vladimir Poutine et de Kim Jong-un au premier rang, trois figures contestées par Washington, posant comme un front commun. Elle résume la logique du défilé, contre l’unilatéralisme trumpien, Pékin érige un bloc souverain alternatif ,une coalition des exclus, un nouveau récit mondial.

Modi, l’invité crucial

La présence de Narendra Modi, chef d’un pays courtisé par les deux géants, apporte une autre strate politique. Membre du Quad tout en rivalisant économiquement avec la Chine, sa présence suggère que Pékin peut encore séduire les alliés supposés de Washington. Une gifle diplomatique pour Trump, dont Modi était un partenaire central dans la stratégie asiatique.

Un pamphlet visuel encore plus efficace

Aux armes sophistiquées s’ajoute une alliances symbolique, chaque invité compte, chaque présence est scénarisée. Alors que Trump affichait un mépris pour les alliances, Pékin organise une vitrification du collectif, du dialogue multipolaire.

Le contraste historique

Enfin, l’ironie est saisissante, Trump lui-même, grand amateur de mises en scène militaires, comme l’analogie avec le modèle du 14 Juillet,  se voit éclipsé par une Chine qui réussit ce qu’il voulait associer, puissance militaire et reconnaissance internationale.