Pourquoi la partition de l’Ukraine semble être la seule issue du conflit
- thibo périat
- 29 avr.
- 3 min de lecture
Le conflit russo-ukrainien, entamé en 2014 et brutalement ravivé en 2022 par l’invasion russe à grande échelle, s’enlise.
Malgré l’effort acharné des forces ukrainiennes et le soutien militaire occidental, la ligne de front reste figée depuis des mois. Les négociations, elles, sont au point mort. Une idée, longtemps taboue, refait surface dans les cercles diplomatiques : celle d’une partition de l’Ukraine.
Une guerre d’usure sans vainqueur
Loin des percées de 2022 ou de la contre-offensive espérée en 2023, le front s’est stabilisé. Des villes rasées comme Bakhmout ou Avdiïvka changent de mains au prix de milliers de vies, pour quelques kilomètres carrés. L’Ukraine manque d’hommes et de munitions. La Russie, elle, aligne ses effectifs en misant sur le temps. L’Occident fatigue. Washington tergiverse. L’Europe s’inquiète.
Il faut envisager l’impensable. Car la réalité s’impose : aucun camp ne semble en mesure de reprendre ou de conquérir l’intégralité du territoire. L’hypothèse d’un gel du conflit, ou d’un partage de facto, revient dans les discussions.
La ligne des faits accomplis
Dans les faits, la Russie contrôle déjà environ 18 % du territoire ukrainien, notamment la Crimée et une large partie du Donbass. Elle y organise des administrations, impose le rouble, distribue des passeports. Moscou parle de « retour au bercail » plutôt que d’occupation.
Côté ukrainien, la volonté reste claire : récupérer chaque mètre de terre, y compris la Crimée. Mais la lassitude gagne. L’opinion publique, malgré une résilience remarquable, commence à douter. Le président Zelensky lui-même, autrefois intraitable, semble plus mesuré dans ses déclarations.
Le précédent coréen
Certains analystes évoquent un modèle à la coréenne : une ligne de démarcation, des cessez-le-feu sans paix, et deux États figés dans un statu quo hostile. Une solution imparfaite, mais « réaliste », selon plusieurs chancelleries.
Une partition n’est pas une victoire pour la Russie, ni une défaite pour l’Ukraine. C’est la reconnaissance d’un équilibre instable mais durable .
Un pari dangereux
Mais cette hypothèse est loin de faire l’unanimité. D’abord parce qu’elle légitimerait une guerre d’agression. Ensuite parce qu’elle n’apporterait aucune garantie de sécurité à l’Ukraine. Enfin, elle entérinerait la loi du plus fort aux portes de l’Europe.
Et pourtant, à mesure que les armes s’embourbent, que les caisses se vident, que les alliés se divisent, cette idée « partition, gel, statu quo armé »gagne du terrain. Par pragmatisme, plus que par conviction.
la paix ou le prix du réalisme
Le conflit ukrainien, comme tant d’autres avant lui, pourrait ne pas connaître de fin claire. Ni traité de paix, ni reddition, ni victoire éclatante. Juste une ligne, mouvante, contestée, et un peuple brisé entre deux mondes.
Si partition il y a, elle ne sera ni juste, ni propre, ni voulue. Mais peut-être inévitable.
Voici un encadré présentant les points de vue ukrainien et russe sur une éventuelle partition de l’Ukraine, accompagné d’une carte illustrant la ligne de front actuelle.
🟦 Point de vue ukrainien : « Pas un centimètre de moins »
Pour Kyiv, toute idée de partition est inacceptable. Le président Volodymyr Zelensky a réaffirmé que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine sont non négociables. La Crimée, annexée en 2014, et les régions du Donbass occupées sont considérées comme des territoires temporairement sous contrôle russe. L’opinion publique ukrainienne soutient majoritairement cette position, refusant toute concession territoriale.
🟥 Point de vue russe : « Restaurer la sphère d’influence »
Moscou considère certaines régions ukrainiennes, notamment la Crimée et le Donbass, comme faisant historiquement partie de la Russie. Le Kremlin justifie son intervention par la protection des populations russophones et la nécessité de contrer l’influence occidentale à ses frontières. La Russie a établi des administrations locales dans les zones occupées et y a organisé des référendums non reconnus internationalement.
La perspective d’une partition de l’Ukraine reste un sujet de débat intense sur la scène internationale, reflétant des visions du monde profondément divergentes entre l’Ukraine, la Russie et leurs alliés respectifs.




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