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Mali : le départ des Français et l’échec russe

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 8 nov.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 nov.

Paris sonne l’alarme


Paris ne mâche plus ses mots.Le 7 novembre, le ministère français des Affaires étrangères a recommandé à ses ressortissants de quitter le Mali “dès que possible”, évoquant une « dégradation rapide du contexte sécuritaire ». Une formule diplomatique pour dire que le pays s’enfonce, une fois encore, dans le chaos.


Un pays à bout de souffle


Depuis plusieurs semaines, les attaques se multiplient : embuscades, engins explosifs, raids contre des camps militaires…Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, sème la terreur jusque dans les environs de Bamako. Les routes nationales sont devenues impraticables, le carburant se raréfie, les forces maliennes peinent à sécuriser ne serait-ce qu’un axe entre deux villes.


Résultat : la France conseille à ses ressortissants de préparer leur départ. Une mesure inédite depuis 2012, quand la crise du nord avait fait vaciller l’État malien.


De la promesse russe au désenchantement


L’armée française partie, Bamako s’était tournée vers Moscou.En 2021, les mercenaires de Wagner puis leurs successeurs de l’Africa Corps, sous contrôle du ministère russe de la Défense, étaient censés reprendre la main face aux groupes djihadistes.

Quatre ans plus tard, le bilan est désastreux.

  • Moura (mars 2022) : plus de 300 civils massacrés par des soldats maliens accompagnés de Russes, selon Human Rights Watch.

  • Tinzaouaten (juillet 2024) : embuscade sanglante dans le nord, plusieurs dizaines de mercenaires russes tués.

  • Tessit (juin 2025) : nouvelle attaque meurtrière, près de 40 soldats maliens abattus malgré la présence de conseillers russes.

Moscou promettait « la stabilité ». Le terrain offre une tout autre image, les djihadistes progressent, les civils fuient, et les pertes russes s’accumulent.


Un revers géopolitique pour Moscou


Pour le Kremlin, le Mali devait être la vitrine africaine de sa puissance retrouvée.Un État “libéré” de l’influence occidentale, protégé par l’expertise militaire russe, où Moscou pourrait puiser or et uranium tout en consolidant son image de partenaire fiable.

Mais la réalité est crue.Les mines d’or promises restent inaccessibles, la sécurité est pire qu’avant, et la Russie subit un coût politique et symbolique lourd, massacres, revers militaires, critiques internationales.



Chronologie d’un désastre

Date

Événement clé

Conséquence

Mars 2022

Massacre de Moura (≈ 300 morts civils)

Dénonciation internationale ; soupçons de crimes de guerre.

Avril 2022

Massacre d’Hombori

Montée de la colère populaire.

Juillet 2024

Bataille de Tinzaouaten

Revers militaire majeur pour Wagner.

Juillet 2024

Reconnaissance de pertes russes

Affaiblissement du récit de “victoire sécuritaire”.

Juin 2025

Création de l’Africa Corps

Reconnaissance implicite d’un échec opérationnel.

Nov. 2025

Appel de la France à quitter le Mali

Signal d’alerte final : Bamako n’est plus sûr.

Un échec assumé


Pour la Russie, le Mali devait démontrer la solidité de son modèle sécuritaire exportable.Mais la succession de revers militaires et les violations massives des droits humains ont sapé sa crédibilité.Même la création de l’Africa Corps, censée remplacer Wagner, est perçue comme un aveu d’échec.


Entre propagande et effondrement


À Moscou, les médias officiels continuent d’affirmer que la Russie « aide le Mali à restaurer sa souveraineté ».Mais sur le terrain, le constat est implacable : le pari russe au Sahel a tourné court.L’État malien, affaibli, reste incapable de protéger ses frontières ni même sa capitale.Et les Russes, venus en sauveurs, se retrouvent piégés dans une guerre qu’ils ne maîtrisent plus.



Trois ans après le départ de Barkhane, la boucle est bouclée : le Mali, plus isolé que jamais, sombre dans la violence.Et la Russie, loin d’avoir consolidé sa position en Afrique, voit son influence s’éroder dans le fracas d’un désastre militaire et diplomatique.


Le Mali devait être un tremplin stratégique. Il devient le symbole d’un mirage russe au Sahel.



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