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« Hissez les couleurs » : d’un drapeau d’écolière à un bras de fer national

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 2 sept.
  • 2 min de lecture

Tout est parti d’une histoire simple : une petite fille, Courtney, exclue de classe pour avoir porté une robe à l’effigie de l’Union Jack lors d’une journée multiculturelle dans son école du Warwickshire. L’anecdote, relayée par CNEWS et d’autres médias, a fait l’effet d’une étincelle. En quelques jours, ce geste anodin est devenu le symbole d’une Grande-Bretagne qui, selon certains, aurait honte de ses couleurs. C’est ainsi qu’est né le mouvement « Hissez les couleurs » (Raise the Colours).


Des drapeaux partout


L’appel a trouvé un écho immédiat. Sur les ponts, les ronds-points, les façades : Union Jack et croix de Saint-Georges se sont multipliés comme pour répondre à l’injonction silencieuse de « reprendre possession » de l’espace public. « Tandis que les conseils municipaux qui détestent la Grande-Bretagne retirent nos drapeaux, nous les hissons », tonne Robert Jenrick, député conservateur.


Des soutiens politiques et… inattendus


Très vite, le mouvement s’est trouvé des alliés. Liz Truss, l’ancienne Première ministre, a exprimé son soutien. Mais le relais le plus retentissant est venu de l’autre côté de l’Atlantique : Elon Musk. Le milliardaire a partagé images et vidéos, vues des dizaines de millions de fois, dont certaines reprises par Tommy Robinson, figure de l’extrême droite britannique.

Derrière l’initiative, on retrouve l’« Operation Raise The Colours », animée par Andrew Currien, alias Andy Saxon, proche de Britain First.


Les mairies contre-attaquent


À Bradford, Newcastle, Norwich ou Birmingham, les municipalités – souvent travaillistes – ont fait retirer les drapeaux, invoquant la sécurité ou l’absence d’autorisations. Résultat : des face-à-face tendus avec les militants. Les associations antiracistes, comme Hope Not Hate, dénoncent une instrumentalisation identitaire : « Ce n’est pas une fête patriotique, c’est une récupération politique ».


La guerre des images


Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. De fausses photos circulent : un drapeau géant sur le château de Rochester (en réalité, une image truquée) ou une femme arrêtée pour avoir hissé un drapeau (elle avait pénétré dans une zone interdite, précisent les forces de l’ordre). Entre patriotisme sincère et propagande numérique, la frontière est brouillée.


Un mouvement sans écho européen


À ce stade, « Hissez les couleurs » reste un phénomène typiquement britannique. Nulle part ailleurs en Europe des initiatives similaires n’ont émergé. Ni en France, ni en Allemagne, ni en Italie on n’observe d’appel coordonné à hisser les drapeaux nationaux. La campagne, née d’un incident scolaire et amplifiée par les réseaux, s’ancre dans un climat politique très spécifique au Royaume-Uni : débats sur l’immigration, tensions communautaires, et héritage du Brexit. Ce caractère insulaire explique pourquoi le mouvement, malgré sa visibilité, ne s’exporte pas pour l’instant.


Rendez-vous à Londres


Le 13 septembre, Londres sera l’épicentre de la confrontation. Les organisateurs annoncent une « manifestation pour la liberté d’expression ». En face, des contre-manifestations sont prévues, notamment par Stand Up To Racism. Les autorités craignent des heurts.


Un drapeau, deux visions


Ce qui n’était qu’une histoire d’écolière et d’un petit drapeau est devenu un débat national. Pour les uns, hisser les couleurs, c’est célébrer une identité commune. Pour les autres, c’est une récupération identitaire dangereuse. Un simple morceau de tissu, hissé au vent, révèle désormais les fractures profondes de la société britannique.


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