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Gaza : Quand la vengeance dévore la raison

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 6 juin
  • 4 min de lecture

Gaza : Quand la vengeance dévore la raison


Depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza n’est plus un territoire. C’est un cratère. Un enfer quadrillé de drones, pilonné sans relâche, broyé par une guerre dont le monde a cessé de compter les jours, mais pas les morts.


Tout a commencé dans l’horreur. Une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien : 1 200 morts, des villages massacrés, des familles entières prises en otage. Une barbarie qui, à raison, a secoué la planète. Israël a promis de répondre. Et il l’a fait. Mais ce qui s’est abattu ensuite sur Gaza dépasse la légitime défense. C’est une vengeance devenue folie.


Chronique d’un écrasement


Dès les premières frappes, le ton est donné. Les missiles ciblent les tunnels, les positions du Hamas… puis les immeubles résidentiels, les écoles, les hôpitaux. Chaque jour, les bilans s’alourdissent. L’ONU alerte. Les ONG implorent une trêve. Rien n’y fait. En six mois, plus de 35 000 morts palestiniens. Une population entière prise au piège dans 360 km². L’oxygène manque, l’eau se fait rare, la faim gagne.


À Rafah, dernier refuge de milliers de déplacés, les tentes se fondent dans la poussière des décombres. Mais même là, les bombes tombent. Un génocide ? C’est le mot lâché par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice. Et dans les rues d’Europe, des centaines de milliers de voix scandent : « Israël assassin, Biden complice. »


Les États-Unis, colosse au pied d’Israël


Depuis des décennies, les États-Unis protègent Israël au Conseil de sécurité. Mais aujourd’hui, Washington découvre l’amère limite de son influence.

Joe Biden joue la carte de la retenue. Il supplie Netanyahu de limiter les frappes, propose des couloirs humanitaires, s’oppose à une offensive terrestre totale à Rafah. Mais rien ne change. Car entre les communiqués prudents et les livraisons d’armes, Israël comprend le message : feu vert implicite.


Même Donald Trump, de retour dans l’arène politique, dénonce les « images insoutenables » venues de Gaza, tout en hurlant à la mollesse de Biden. Il promet qu’avec lui, Israël aurait su « quand s’arrêter ». Mais même lui, autrefois adulé par Netanyahu, ne réussi pas à le freiner.


Le monde arabe : entre silence gêné et indignation vide


Et les capitales arabes ? Où sont-elles ? Où est passée la solidarité ?

Le Caire négocie, mais garde sa frontière fermée. Riyad condamne mollement tout en ménageant ses liens avec Washington. Abu Dhabi préfère la stabilité à la révolte. Même la Jordanie, voisine, se contente d’alertes verbales.

Aucun embargo. Aucun retrait diplomatique. Aucun soutien militaire. Juste une indignation de façade, rythmée par les impératifs de stabilité intérieure.


Le monde arabe regarde Gaza brûler. Et Gaza regarde le monde arabe… immobile.


La Chine : posture humaniste, calcul stratégique


Pékin dénonce. Férocement. Dans les forums internationaux, la Chine pointe « la disproportion manifeste de la réponse israélienne » et appelle à un cessez-le-feu immédiat. Elle appuie toutes les résolutions condamnant Israël à l’ONU, tout en tendant la main au monde arabe, à coups de sommets sino-arabes et d’accords énergétiques.


Mais derrière les discours, un calcul froid : affaiblir les États-Unis en les piégeant dans leur contradiction morale. Pékin joue la carte du Sud global, se présente en défenseur des opprimés et en alternative morale à l’Occident. Aucun soldat, aucune aide concrète à Gaza — mais un soutien diplomatique parfaitement calibré pour redorer son image dans le monde musulman… et en profiter pour étendre son influence économique au Moyen-Orient.


La Russie : chaos utile et cynisme assumé


De son côté, Moscou ne cache même plus son cynisme. Elle condamne Israël, fustige les « crimes de guerre »… tout en se frottant les mains. Car plus l’Occident s’enlise derrière Tel-Aviv, plus la Russie regagne du terrain sur la scène diplomatique mondiale.


Poutine se pose en défenseur du monde arabe, en médiateur, en faiseur de paix — tout en menant une guerre brutale en Ukraine. L’hypocrisie est totale, mais le coup de com’ fonctionne. Les peuples du Sud voient en lui un contrepoids à l’arrogance américaine. Et les régimes arabes autoritaires, eux, voient un partenaire sans leçons de morale.


Pour Moscou, chaque bombe sur Gaza est une nouvelle fissure dans l’édifice occidental. Et dans cette guerre, la Russie ne pleure pas les morts : elle capitalise sur les divisions.


Où commence la folie ?


La vengeance est un acte humain. Mais elle a des bornes. La guerre menée à Gaza ne les respecte plus.

On ne rase pas un territoire entier pour tuer des combattants cachés. On ne transforme pas des hôpitaux en cibles. On ne laisse pas mourir des enfants au nom de la sécurité.


À force de frapper, Israël fracture. À force de se taire, les pays arabes se déshonorent. À force d’agir en coulisses, la Chine et la Russie avancent leurs pions. Mais c’est le peuple palestinien qui paie. Toujours. Encore.


Et après ?


Que restera-t-il de Gaza ? Des ruines. Des morts. Une haine nouvelle. Une Israël plus isolée. Une Amérique complice et impuissante. Une Chine opportuniste. Une Russie manipulatrice. Et un monde arabe, désarmé par son propre silence.


la guerre sans fin


Le 7 octobre fut un crime. Gaza, six mois plus tard, est un cauchemar.

La justice n’est pas une réplique aveugle. La paix ne se gagne pas sur des cadavres. Il faut du courage, pas seulement pour riposter, mais pour s’arrêter. Pour reconstruire. Pour croire encore en l’humain.


Sinon, l’Histoire retiendra que la vengeance est devenue folie. Et que la folie, elle, n’a jamais construit aucun avenir.


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