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Algérie : le grand réarmement qui rebat les cartes en Afrique

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 8 nov.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 nov.


Avec un budget militaire record pour 2026, Alger muscle sa défense et bouleverse l’équilibre régional. Un virage aux répercussions multiples : sur le Sahel, sur la France, entre Moscou et Pékin.


Un budget colossal pour une ambition retrouvée


C’est un chiffre qui en dit long : 25 milliards de dollars.

L’Algérie a adopté pour 2026 un budget de la Défense sans précédent, équivalant à près de 20 % des dépenses publiques nationales, selon les chiffres relayés par Reuters et Barlaman Today. Dans un contexte de tensions au Maghreb et d’instabilité sahélienne, Alger investit massivement dans son armée, modernisation des blindés, développement des drones, acquisition d’équipements russes et chinois.


Ce choix stratégique, rendu possible par la manne des hydrocarbures, traduit une volonté claire : redevenir la puissance militaire de référence au nord du continent africain.


Effet de choc au Maghreb et au Sahel


Au sud comme à l’ouest, le signal est fort. L’Algérie se dote de moyens dissuasifs face au Maroc, son rival historique, et entend consolider son rôle sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne.


« Cette montée en puissance pourrait relancer une forme de course aux armements », observe GIS Reports Online, alors que Rabat modernise lui aussi son arsenal, souvent auprès des États-Unis et d’Israël.

Dans le Sahel, Alger pourrait s’imposer comme partenaire incontournable dans la lutte contre les groupes armés, tout en affichant une posture plus indépendante vis-à-vis des puissances occidentales.


Mais l’équilibre est fragile : plus de chars et de missiles ne garantissent pas la stabilité intérieure. Avec un chômage élevé et des tensions sociales persistantes, la priorité donnée à la Défense, au détriment de la santé ou de l’emploi, pourrait rallumer des critiques en interne.


Pour la France, une influence à repenser


Le réarmement algérien tombe à un moment où la France reconfigure sa présence militaire en Afrique. Après le retrait du Mali et du Niger, Paris voit émerger un acteur régional plus autonome, parfois rival, parfois partenaire.


Une Algérie plus forte pourrait peser sur les équilibres du Sahel, où la France tente encore de maintenir un rôle sécuritaire.

Mais Alger préfère parler d’« indépendance stratégique »,dialoguer avec Moscou, Washington ou Pékin sans s’aligner sur aucun camp. Un positionnement qui réduit la marge de manœuvre française, déjà affaiblie par la montée du sentiment anti-français sur le continent.


Moscou, partenaire stratégique de longue date


Derrière la montée en puissance algérienne se dessine l’ombre de Moscou.

Plus de 70 % de l’arsenal algérien est d’origine russe, selon ISPI Online. La Russie reste le principal fournisseur d’armes d’Alger, chasseurs Sukhoï, systèmes de défense S-400, sous-marins, formations d’officiers.


En juin 2025, Le Monde révélait même la nomination du général russe Sergueï Sourovikine, ancien commandant en Ukraine, à la tête des conseillers militaires russes en Algérie. Un symbole fort d’un axe stratégique qui s’affirme, au moment où la Russie cherche à consolider son influence en Afrique du Nord face aux sanctions occidentales.


Cette proximité n’est pas sans limites : dépendre des livraisons russes dans un contexte de guerre et de sanctions reste risqué. Mais pour Alger, elle garantit un accès privilégié à des technologies militaires avancées et un levier diplomatique face à l’Occident.


Pékin s’invite dans le jeu


Si Moscou demeure l’allié historique, la Chine avance discrètement mais sûrement sur le terrain militaire algérien.

Pékin ne se contente plus de vendre des radars ou des drones : elle propose désormais des partenariats industriels, des transferts technologiques et la construction d’infrastructures de défense, dans la droite ligne de sa stratégie des « Nouvelles Routes de la Soie ».


L’ Algérie est l’un des rares pays africains à avoir signé un accord de coopération militaire avec la Chine dès 2022, élargi depuis aux domaines spatial et naval. Des sources citées par Atalayar évoquent la présence de techniciens chinois dans plusieurs complexes de maintenance d’équipements à Blida et Oran.


Pour Alger, Pékin représente une alternative précieuse à la dépendance russe :

– Les drones armés Wing Loong II et les systèmes de surveillance chinois ont déjà été intégrés à l’armée de l’air algérienne.

– Des discussions sont en cours sur la coproduction de véhicules blindés légers et de missiles tactiques, selon North Africa Post.


Mais la Chine ne vend pas seulement des armes, elle tisse des liens économiques et diplomatiques durables. Ses entreprises participent à la modernisation des ports, des bases logistiques et du réseau ferroviaire, essentiels à la projection de puissance militaire algérienne vers le sud du pays et le Sahel.


Résultat, Alger se retrouve au croisement de deux partenariats stratégiques, russe et chinois, qui se complètent autant qu’ils s’observent.

Une position qui offre à l’Algérie une autonomie rare en Afrique, mais qui l’expose aussi à un jeu d’équilibriste entre deux géants rivaux.


Un réarmement à double tranchant


L’Algérie ambitionne de s’imposer comme puissance régionale stable, pivot entre Méditerranée et Afrique. Mais cet effort militaire colossal, dans un pays encore marqué par les déséquilibres économiques, soulève une question : à quel prix ?


Entre rivalité avec le Maroc, vigilance au Sahel, affirmation face à la France, fidélité à Moscou et ouverture à Pékin, Alger avance sur une ligne de crête.



Sources principales :

Reuters, Le Monde Afrique, North Africa Post, Barlaman Today, ISPI Online, GIS Reports Online, Atalayar, AP News.

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