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No Kids, No Future

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 3 août
  • 3 min de lecture

Quand la société commence à refuser ses enfants, elle signe peut-être sa propre fatigue.


Hôtels, restaurants, plages, wagons de train ou même vols long-courriers : les espaces “no kids” se multiplient. Vantés comme des refuges de calme et de confort, ils séduisent une clientèle avide de tranquillité. Mais derrière cette tendance qui semble anodine se cache peut-être un symptôme plus grave : celui d’une société fatiguée, individualiste, et réfractaire au vivant.


 L’enfant : perturbateur ou promesse ?


L’enfant dérange. Il pleure, crie, court, s’émerveille bruyamment. Bref, il vit. Et pour beaucoup, cela suffit à le rendre indésirable. Dans une époque obsédée par le contrôle, le silence et l’esthétique, tout ce qui déborde est vu comme un bug du système. Le monde doit être lisse, prévisible, climatisé.


Et tant pis si l’on sacrifie au passage le symbole même du futur.


« Il y a toujours eu des lieux d’adultes » — oui, mais pas comme ça


Bien sûr, les lieux réservés aux adultes ont toujours existé : les bars, les cinémas de minuit, les cabarets, les clubs, les lieux de débats ou de nuit. Mais c’était des espaces de vie spécifiques, assumés comme tels, souvent ritualisés, parfois transgressifs, mais jamais conçus pour effacer l’enfant du monde.

Aujourd’hui, la logique s’est inversée : on ne réserve pas un espace à une certaine forme d’adulte, on exclut l’enfant du quotidien, de la norme, du regard.


Ce n’est plus une séparation des rôles, c’est une ségrégation du vivant.


L’individu-roi ne veut plus être dérangé


Derrière le panneau “no kids”, il y a souvent ce réflexe :

“J’ai travaillé toute la semaine, je ne veux pas qu’un gamin vienne gâcher mon dîner.”

Ce droit au calme devient un absolu, au point d’effacer la part la plus essentielle de la vie en société : le lien, la tolérance, la transmission. L’individu ne veut plus vivre avec les autres, seulement à côté d’eux — à condition qu’ils ne fassent pas de bruit.


Une éducation abîmée… et une transmission impossible


Le paradoxe est cruel : comment transmettre quand on n’a pas reçu les bonnes fondations ?

Les deux dernières générations ont souvent grandi dans un vide éducatif — entre pédagogisme mou, autorité délégitimée et repères brouillés. Le résultat ? Une incapacité croissante à encadrer, guider, éduquer.


On ne sait plus quoi faire des enfants, parce qu’on ne sait déjà plus quoi faire de nous-mêmes.


Alors on fuit. On écarte l’enfant plutôt que de le contenir. On préfère le silence au conflit, la distance au dialogue.Et l’on perpétue un cycle d’adultes désarmés face à l’enfance.


Le culte de l’esthétique contre le chaos du vivant


Les lieux “no kids” sont souvent beaux. Très beaux.

Design, épurés, instagrammables. Le calme y est précieux, mais stérile. Car sans vie, sans bruit, sans cris de joie ou larmes spontanées, le monde devient une vitrine. On ne vit plus dans un lieu : on y pose, on y consomme du silence.


Mais la vie réelle ne ressemble pas à un feed.

La vie déborde.


Une société trop adulte ?


Ce culte du silence, du confort et du contrôle finit par poser une question dérangeante :

Et si nous étions devenus trop vieux intérieurement pour supporter les enfants ?

Trop sérieux pour tolérer la joie brute ?Trop fatigués pour transmettre ?


No kids, no bruit… no futur ?


Qu’on le veuille ou non, une société qui multiplie les espaces interdits aux enfants finit par refuser ce qu’elle est censée porter : un avenir. Une projection. Un lien entre les générations.


À force de s’isoler des plus jeunes, on cesse de parler leur langue, de comprendre leurs gestes, et de se penser comme tuteurs d’un monde à venir. On vit dans l’instant, protégé du chaos — mais coupé du sens.


Et si, finalement, le cri d’un enfant dans un train n’était pas une nuisance…

Mais la dernière alarme d’un monde encore vivant ?


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