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Génération Z : la révolte mondiale qui gagne du terrain

  • Photo du rédacteur: thibo périat
    thibo périat
  • 1 oct.
  • 3 min de lecture

Une jeunesse hyperconnectée, sans illusions, bouscule des régimes de Katmandou à Antananarivo, de Rabat à Lima. Et ce mouvement pourrait bien atteindre bientôt les démocraties occidentales.


De Katmandou à Antananarivo, l’étincelle numérique


À Katmandou, tout est parti d’un décret : la fermeture soudaine de Facebook, YouTube et X. La mesure, censée “protéger la stabilité”, a provoqué l’inverse. Étudiants et jeunes travailleurs népalais, massivement nés après 2000, se sont coordonnés via VPN, TikTok et Telegram. En quelques jours, la rue a débordé : bâtiments publics incendiés, forces de l’ordre dépassées, Premier ministre poussé à la démission.


À 7 000 kilomètres de là, Antananarivo s’embrase à son tour. Coupures d’eau, délestages électriques, corruption : les jeunes Malgaches ne supportent plus le statu quo. Le hashtag #GenZMadagascar devient viral, les rues se remplissent, le président dissout son gouvernement pour calmer la colère. En vain : “On veut du concret”, scande une génération méfiante face aux promesses.


Maroc : le choc de la santé et de l’éducation


Au Maroc, c’est un drame à l’hôpital d’Agadir, huit femmes mortes en couches, qui a déclenché l’onde de choc. Sous la bannière GenZ 212, les jeunes réclament un système de santé digne, une école qui ne condamne pas à l’exil ou au chômage, et la fin des grands projets vitrines jugés déconnectés. Rabat et Casablanca ont vu des affrontements violents ; le gouvernement promet des réformes, mais la rue exige des actes.


Un mouvement qui voyage vite


Ces trois pays ne sont pas isolés : Pérou, Kenya, Timor-Leste, Ladakh indien… Partout, le même cocktail : chômage, corruption, services publics défaillants. L’étincelle est souvent numérique : une vidéo, un hashtag, un symbole pop détourné. Les réseaux supplantent les partis et rendent les mouvements insaisissables, capables de surgir sans leader officiel et de se propager par contagion virale.


Grandes puissances : Moscou, Pékin… et Washington en embuscade


Les révoltes Gen Z attirent aussi les regards stratégiques des grandes puissances.

Russie : déjà rompue à la désinformation en ligne, elle sait amplifier la polarisation en Occident. Les mêmes techniques qui ont alimenté le Brexit ou les Gilets jaunes sont observées pour surfer sur la colère des jeunes ailleurs.


Chine : plus discrète mais attentive. Pékin surveille et filtre chez elle, tout en expérimentant un soft power numérique via TikTok et WeChat, capables d’influencer les perceptions.


États-Unis : loin d’être neutres, les Américains surveillent ces soulèvements, parfois les encouragent discrètement (soutien à des ONG, formation au contournement de la censure, diplomatie des droits humains). Mais ils redoutent surtout un effet boomerang : leur propre jeunesse est déjà politisée (climat, dette étudiante, violences policières, Gaza). Washington sait que ce qui se teste ailleurs pourrait s’enflammer sur son sol.



Les réseaux sociaux, catalyseurs involontaires… mais gagnants économiques


TikTok, Instagram, X ou Telegram n’initient pas ces révoltes, mais leur logique interne les rend explosivement virales :

Engagement massif : chaque hashtag ou vidéo de manif devient une machine à clics et donc à revenus publicitaires.


Compétition pour la fraîcheur : être la plateforme où “ça se passe” attire les jeunes utilisateurs et la presse mondiale.


Aura de liberté d’expression : modérer trop vite serait risqué pour leur image ; mieux vaut laisser circuler, puis intervenir a minima.


Ces entreprises se trouvent donc dans une posture ambiguë : officiellement neutres, mais économiquement gagnantes chaque fois qu’une contestation s’embrase.


Et l’Occident dans tout ça ?


Les ingrédients existent déjà : crise du logement, précarité, défiance envers les élites, urgence climatique, dette étudiante. Les mobilisations climatiques, étudiantes ou contre les violences policières ont montré le potentiel de la jeunesse connectée. Jusqu’ici, rien d’aussi radical que Katmandou ou Rabat. Mais l’effet miroir joue : chaque vidéo de protestation au Sud nourrit l’idée qu’il est possible de renverser la table.


Une génération qui ne demande plus la permission


Le monde découvre une jeunesse qui s’informe sur TikTok, s’organise sur Discord et défie des gouvernements sans attendre les partis d’opposition. Pas de grandes idéologies, mais un refus frontal de la corruption et de l’injustice. Une génération à la fois pragmatique et radicale, qui transforme le numérique en levier politique.


Prochaine étape ?

Si une crise symbolique surgit, explosion des loyers, bavure policière filmée, réforme perçue comme punitive, l’Europe ou les États-Unis pourraient voir leur propre #GenZRevolt naître en quelques jours. Les États qui n’auront pas su écouter risquent de découvrir la puissance d’une génération née dans l’hyperconnexion et l’impatience.

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